Le voyage commence enfin. Terminé les pontons, la vie de terrien qui dort au bateau, il s’agit maintenant d’utiliser le bateau pour ce à quoi il a été pensé, voyager ! Le cap est mis sur la Sardaigne, et preuve que le voyage a réellement commencé, nous atterrirons… en Algérie.
Le vent ne nous porte pas comme prévu, La Méditerranée ne nous présente là qu’un échantillon des caprices qu’elle nous réserve, et semble nous inviter vers un port commercial Algérien, Mostaganem. Si à quelques milles de l’entrée du port nous avions encore quelques doutes sur le lieu d’atterrissage, un bout pris soudainement dans l’hélice bâbord vint mettre un terme à notre doute. Il faut s’arrêter.
Visiter les côtes Algériennes est un rêve de plongeur. La seule lecture des cartes marines et des livres d’histoire laissent entrevoir des plongées incroyables, vierges de bulles et inondées de plein de choses dont je ne peux parler publiquement ici !
Mais l’Algérie est aussi exubérante de l’extérieure qu’elle est renfermée de l’intérieure. L’arrivée dans le port et la série de formalités que nous enchaînons nous confirmeront qu’ici, nous n’iront pas mouiller où bon nous semble pour profiter du littoral. Nous étions prévenus de cette subtilité non négligeable mais également des sourires qui nous attendraient, et préférons alors nous concentrer sur les sourires.
Vers minuit, après 5h de présentation à environ 5 autorités différentes du port, nous pouvons enfin prendre congés, et éteignons les lumières d’une Maesha coincée entre un ferry de 120m à la poupe, un chalutier de 30m à la proue, un quai de Cargos et un militaire payé pour rester à nous surveiller toute la nuit depuis sa voiture !
Faire escale en Algérie sans visa nous permet tout de même de faire appel à une règle de la navigation maritime internationale, à savoir avitailler le bateau. A vrai dire, nous sortons du Maroc, les frigos sont pleins, les réservoirs aussi, mais il faut bien trouver une excuse pour aller voir ce qu’il se passe de l’autre côté des grilles. Nous faisons donc valoir notre droit à l’approvisionnement. C’est ainsi qu’un gendarme en civil nous est assigné afin de nous guider au marché local, et on peut le dire, nous conseiller dans nos choix d’épiceries. La ville parait très populaire, nous avons beau être les deux seules irrégularités épidermiques de la cité, personne ne nous aborde comme deux touristes à aguicher. Nous tentons de profiter au maximum des lieux, invitons notre guide en lui laissant choisir nous conseiller pour la table et rentrons le panier et le ventre plein retrouver Maesha, un autre Ferry, un deuxième chalutier et notre ami le garde.
Il est désormais temps d’aller jeter un rapide coup d’œil sur l’hélice afin de déterminer l’origine de la vibration du moteur bâbord. J’en parle rapidement au responsable du port… Aïe… erreur de débutant. Ne jamais demander une autorisation à un officiel. Que n’ai-je pas demandé là…! 5h, oui, il faudra 5h aux autorités locales pour se consulter, se dé-responsabiliser au possible, prévenir un responsable de chaque service et réunir ainsi deux à trois membres de chaque service, un camion de pompiers de premiers secours soit au total environ 15 personnes pour me regarder m’enfoncer de 25cm sous l’eau et enlever en 3 minutes le morceau de filet pris dans l’hélice. Je n’aurais jamais plongé dans un tel cadre sécuritaire! Au final nous avons passé davantage de temps à faire des selfies sur le catamaran en compagnie des membres de chaque équipe qu’à intervenir sur l’hélice. Maesha était certainement le soir même, la reine des réseaux sociaux.
Bien que nous soyons fort bien accueillis, que nous profitons exagérément de nos non-libertés en faisant quelques footings sur le quai, en récupérant quelques sardines des chalutiers voisins, ou en jouant aux cartes avec les membres de la capitainerie, l’ennui gagne et la météo nous redevient enfin favorable. Il est donc temps de quitter les lieux non sans se faire inviter à repasser par la série de procédures des cinq autorités du port, bien évidemment.
Une expérience atypique qui laisse tout de même le regret de na pas pouvoir disposer du visa nous donnant accès à un pays incroyablement beau.
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